Emission présentée par : Michel Cymes et Marina Carrère d’Encausse
Novembre 2011, Bastien, 3 ans, meurt après avoir été puni, enfermé dans un lave-linge. Le cas du petit Bastien n’est malheureusement pas un cas isolé. Enzo, Marina, Lorenzo autant de prénoms d’enfants qui renvoient à des faits divers atroces. Au-delà de l’atrocité, ces drames posent de nombreuses questions. Pourquoi les services sociaux et la justice n’ont-ils pas réussi à sauver ces enfants ? Comment diagnostiquer la maltraitance ? Comment prendre en charge ces enfants en danger ? Enquête de santé ouvre le dossier.
A l’origine des ces tragédies se trouvent bien sûr des erreurs, des fautes impardonnables. Certains n’ont pas voulu voir l’horreur. D’autres n’ont pas pu dire l’indicible. Le déni des violences faites aux enfants existe bel et bien mais il existe aussi des situations extrêmement complexes. Instituteur, médecin, assistante sociale ou simple citoyen, il est parfois bien difficile de signaler un enfant que l’on suppose être victime de maltraitance. Qui appeler ? Faut-il apporter des preuves ? Et surtout, quelles conséquences cet acte aura sur la vie de la victime, de la famille ?
Pour les enseignants comme les médecins, il y a parfois la peur du signalement abusif, la peur de briser le lien avec l’enfant et sa famille. Pour les enquêteurs et les assistantes sociales, il y a la difficulté à savoir ce qu’il se passe réellement au sein d’une famille et à partir de quel moment retirer un enfant à ses parents.
Selon les spécialistes, 5 à 10% des enfants seraient victimes de maltraitance à divers degrés et ce dans toutes les classes sociales. Les estimations parlent de 400 à 700 décès par an. Même si ces estimations sont difficiles à vérifier, le simple fait que l’on ne cherche pas à mesurer l’ampleur du phénomène montre le désintérêt des pouvoirs publics sur la question. Pourquoi, ne connait-on pas le nombre d’enfants morts suite à des maltraitances ? Pourquoi n’y a-t-il pas plus de campagnes de prévention ? Faut-il voir là un manque d’intérêt des pouvoirs publics, la difficulté à cerner le phénomène ou peut-être tout simplement la preuve d’un tabou encore bien présent aujourd’hui ?