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Le rôle de la moto au cinéma

Faubourg 36, diffusion du mercredi 20 décembre 2017 à 20h55

En plein Front populaire, des chômeurs tentent de renflouer un music-hall… Un film sensible, délicat et suranné. Critique : Depuis Les Choristes, on sait que Christophe Barratier pratique un cinéma délicat, sensible et suranné. Et que le public français de ce début de XXIe siècle l'aime aussi. Le film s'inspirait, on s'en souvient, d'un succès du début des années 40, La Cage aux rossignols. Encore un petit bond en arrière, et nous voici en 1936. Que de nostalgies et d'espoirs, alors : Trenet et les premiers congés payés, Léon Blum et le Front populaire... Le cinéma de cette époque, le réalisateur l'aime visiblement, et il lui rend hommage : Gérard Jugnot qui, dès les premières minutes, raconte à la police les circonstances qui l'ont amené au meurtre, c'est René Lefèvre dans Le Crime de M. Lange, de Renoir. La petite troupe de chômeurs qui fait revivre un music-hall, c'est La crise est finie, de Siodmak, avec Préjean et Darrieux. Et la foi dans le collectif pour s'opposer à la perversité capitaliste, c'est La Belle Equipe, de Duvivier, avec Gabin. Autant de références qui soutiennent l'intrigue sans l'écraser, bon point. Plus gênante, en revanche, est l'incapacité de Barratier (trop de gentillesse en lui, peut-être) à peindre un vrai méchant. Le personnage de Bernard-Pierre Donnadieu - un vrai salaud à la Jules Berry dans les films de Carné ou de Renoir - n'est présenté que comme un amoureux transi, donc forcément humain. Et si Jacky/Kad Merad fricote un moment avec des fachos (bien trop brièvement et trop caricaturalement évoqués), il revient bien vite dans le clan des gentils... C'est cette douceur bienheureuse, bien­faisante, rassurante qui, sans doute, va plaire. On a ici une vraie héroïne (Nora Arnezeder), un faux Gabin (Clovis Cornillac), des personnages poétiques (Pierre Richard) ou émouvants (Gérard Jugnot). Plus une demi-douzaine de chansons, assez réussies. Et deux ou trois ballets à la Busby Berkeley, plutôt pas mal. Que demander de plus ? Rien, semble-t-il, dans le cinéma français actuel. On ne sait pas très bien où va, en plein 2008, ce Faubourg 36, ni pourquoi il y va. Mais, au moins, c'est une évidence, il y va gaiement...