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Fils de Caïn, diffusion du mercredi 12 juillet 2017 à 01h35
En 1984, le cinéaste András Monory-Mész recueille le témoignage de trois détenus hongrois de 15 ans jugés pour meurtre. Pál a tué son père, Zsolt l'un de ses copains, Gabor son professeur. Trente ans plus tard, le documentariste Marcell Gerö déterre ce film et décide d'en retrouver les protagonistes. En prenant comme point de départ l'intensité crue des entretiens de 1984, il relie le passé au présent avec les lignes brisées de destins qui, depuis, ont eu du mal à se redresser. -- Critique : Où la vie mène-t-elle ceux qui, dans leur adolescence, ont tué ? Quelles conséquences induisent sur leur auteur à l'âge adulte et sur leur entourage des actes criminels aussi irréparables ? Trente ans après le cinéaste András Monory Mész, qui consacra un documentaire (Bebukottak) à trois jeunes Hongrois condamnés pour le meurtre d'un père, d'un camarade et d'un professeur, Marcell Gerö a retrouvé Pali, Zsolt et Gabor. Aux images et aux témoignages des jeunes gens qu'ils étaient répondent ceux de trois hommes éprouvés et mûris par la vie, qui parlent et donnent à deviner combien la mort qu'ils ont causée habite leur existence et l'alourdit du poids d'une culpabilité que l'exécution de leur peine n'a pas suffi à lever. Empreint d'une tonalité funèbre, Fils de Caïn explique moins qu'il donne à percevoir des vies brisées, gâchées par le fait d'en avoir brisé d'autres. L'amertume du constat pourrait déteindre sur le film et en faire un objet désespérant, si les qualités plastiques du cinéma de Marcell Gerö et son aptitude à saisir la beauté même de la vie et de certains visages (ceux des trois homicides, de leur mère ou de leurs enfants) ne le préservaient d'un désastre esthétique, sinon d'une esthétique du désastre. Pour le dire simplement, Fils de Caïn est un beau film. — François Ekchajzer