Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Soy Nero, diffusion du vendredi 30 novembre 2018 à 01h50

Le Mexicain Nero a grandi à Los Angeles, en a été expulsé et veut y revenir. Apparences trompeuses, repères bousculés : un magnifique film humaniste. Critique : Nero fait tout pour passer la frontière et ne pas être renvoyé au Mexique… Cette histoire de migrant est racontée avec une intensité magnifique — le premier à manifester une envie de liberté est le réalisateur du film lui-même. Prenant ses distances avec le réalisme et le pamphlet politique, le Franco-­Iranien Rafi Pitts bouscule nos repères. Il met en scène son personnage dans de grands espaces qui dessinent un monde ouvert, sans limites. Où la place de ce jeune homme au regard doux et triste n’est jamais assurée, ­jamais la bonne… Entre le possible et l’impossible, un climat de flottement et de tension s’installe. Nero lui-même incarne un entre-deux : parce qu’il a grandi à Los Angeles, avant d’être expulsé, il s’y sent chez lui. Seulement voilà, il ne peut y revenir qu’en clandestin. Un Américain qui le prend en stop brandit une arme et tient un discours violent sur la protection du territoire. C’est cet homme, pourtant, qui, sagement, tente de convaincre le jeune Mexicain de renoncer à son projet : devenir citoyen américain en s’engageant dans l’US Army… A ce sujet polémique, Rafi Pitts donne la résonance d’un film humaniste qui questionne la valeur d’une identité devenue incertaine. Nero n’est-il né mexicain que pour être exclu ? Américain que pour mourir sous un drapeau ? Dans un désert du Moyen-Orient en guerre, le cinéaste confronte brillamment une immen­sité abstraite et la logique absurde d’une identification, d’un étiquetage sans fin de l’individu. Impressionnant.

Le rôle de la moto au cinéma

Soy Nero, diffusion du lundi 12 novembre 2018 à 23h30

Le Mexicain Nero a grandi à Los Angeles, en a été expulsé et veut y revenir. Apparences trompeuses, repères bousculés : un magnifique film humaniste. Critique : Il s'appelle Nero et fait tout pour passer la frontière et ne pas être renvoyé au Mexique... Cette histoire de migrant est racontée avec une intensité magnifique — le premier à manifester une envie de liberté est le réalisateur du film lui-même. Prenant ses distances avec le réalisme et le pamphlet politique, le Franco-­Iranien Rafi Pitts bouscule nos repères. Il met en scène son personnage dans de grands espaces qui dessinent un monde ouvert, sans limites. Où la place de ce jeune homme au regard doux et triste n'est jamais assurée, ­jamais la bonne... Entre le possible et l'impossible, un climat de flottement et de tension s'installe. Nero lui-même incarne un entre-deux : parce qu'il a grandi à Los Angeles, avant d'être expulsé, il s'y sent chez lui. Seulement voilà, il ne peut y revenir qu'en clandestin. Dans une villa de Beverly Hills, il retrouve son frère, qui semble mener une vie de star. Mais les apparences sont trompeuses... Un Américain qui a pris Nero en stop brandit une arme et tient un discours violent sur la protection du territoire. C'est cet homme, pourtant, qui, sagement, tente de convaincre le jeune Mexicain de renoncer à son projet : devenir citoyen américain en s'engageant dans l'US Army, comme tant d'autres étrangers qu'on appelle les « green card soldiers ». Sous prétexte de droits et de papiers, ils risquent leur vie sans avoir l'assurance, en définitive, d'être reconnus comme de vrais Américains... A ce sujet polémique, Rafi Pitts donne la résonance d'un film humaniste qui questionne la valeur d'une identité, devenue incertaine. Nero n'est-il né mexicain que pour être exclu ? américain que pour mourir sous un drapeau ? Dans un désert du Moyen-Orient en guerre, le cinéaste confronte brillamment une immen­sité abstraite et la logique absurde d'une identification, d'un étiquetage sans fin de l'individu. Impressionnant. — Frédéric Strauss