Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

The Square, diffusion du mercredi 19 septembre 2018 à 00h15

En Suède, Christian, fringant quadragénaire pétri de valeurs humanistes, partage sa vie de père divorcé entre ses deux charmanst enfants et son travail de conservateur d'un très respecté musée d'art contemporain. La prochaine exposition de son établissement, intitulée The Square, doit faire se questionner ses visiteurs sur les notions d'altruisme et d'empathie. C'est alors qu'en pleine rue, Christian se fait voler son téléphone portable. Cet événement va peu à peu faire s'effondrer quelques une des certitudes qui guidaient la vie de Christian... Critique : | Genre : palme d’or satirique. Les avis sont partagés Pour 2T Conservateur d’un grand musée d’art contemporain de Stockholm, le séduisant Christian a une haute idée de la culture, et de lui-même… Mais voilà qu’on lui dérobe son portable et que tout son monde vacille. Il se croyait altruiste, il se découvre haineux… Avant tout, The Square (comme Snow Therapy, en 2015, du même auteur) est la critique revigorante de nos sociétés confortables, coupables et culpabilisées de l’être, quand la misère est recroquevillée à chaque coin de rue. La mise en scène est époustouflante : chaque plan est une composition rigoureuse, jouant sur le champ et le hors-champ, suggérant une tension entre dominants et dominés. Après beaucoup d’humour grinçant, le film culmine en un véritable happening, où un performeur sème la terreur lors d’un dîner de gala en imitant un grand singe hors de contrôle. Malaise dans la civilisation… — Guillemette Odicino Contre Foenkinos Mais pourquoi est-il aussi ­méchant ? Film après film, Ruben Östlund nous inflige sa misanthropie radicale — Haneke, à côté, c’est Capra ! Et s’acharne sur ses personnages avec une cruauté narquoise. Il explique tout (et plutôt deux fois qu’une), et on finit par ne plus voir que le petit malin, ravi de ses effets provocateurs. Mais Östlund ne dérange pas : il agace. Quant à sa satire de l’art contemporain, elle est aussi subtile que les gribouillis d’Omar Sy vendus à prix d’or dans Intouchables. — Samuel Douhaire

Le rôle de la moto au cinéma

The Square, diffusion du vendredi 14 septembre 2018 à 09h15

Le rôle de la moto au cinéma

The Square, diffusion du mardi 04 septembre 2018 à 15h10

Le rôle de la moto au cinéma

The Square, diffusion du mardi 28 août 2018 à 09h50

Le rôle de la moto au cinéma

The Square, diffusion du mardi 21 août 2018 à 21h00

En Suède, Christian, fringant quadragénaire pétri de valeurs humanistes, partage sa vie de père divorcé entre ses deux charmanst enfants et son travail de conservateur d'un très respecté musée d'art contemporain. La prochaine exposition de son établissement, intitulée The Square, doit faire se questionner ses visiteurs sur les notions d'altruisme et d'empathie. C'est alors qu'en pleine rue, Christian se fait voler son téléphone portable. Cet événement va peu à peu faire s'effondrer quelques une des certitudes qui guidaient la vie de Christian... Critique : POUR La Palme d’or de cette année risque de faire naître bien des débats houleux dans les dîners en ville. Ce genre de dîners, justement, qui sont le lot quotidien de Christian, le conservateur quadragénaire d’un grand musée d’art contemporain de Stockholm. Le très séduisant Christian (Claes Bang, magnifique acteur danois aux allures de James Bond intello) a une haute idée de la culture et une idée tout aussi haute de lui-même. Dès la séquence inaugurale, piquante, une journaliste (Elisabeth Moss) lui lit un texte hermétique de présentation du musée, auquel elle n’a rien compris. On imagine aussitôt, de la part de Ruben Östlund — dont on avait découvert la causticité dans Snow Therapy, en 2015 —, un exercice un peu facile de moquerie de l’art contemporain. Pourtant, quand monsieur le conservateur s’explique, il en revient tout simplement au principe du ready-made de Marcel Duchamp : le seul geste délibéré d’exposer un vulgaire objet du quotidien dans un musée peut en faire une œuvre d’art… Le dispositif que Christian s’apprête à présenter dans son musée lui tient à cœur. Un grand carré tracé au sol avec ce texte explicatif : « Le Square est un sanctuaire où règnent confiance et altruisme. Dedans, nous sommes tous égaux en droits et en devoirs. » Et il croit dur comme fer à la candeur de cette installation que l’on peut voir comme une allégorie de la social-démocratie idéale… Un jour, dans l’indifférence générale des passants, Christian vient en aide à une jeune femme en détresse, et le voilà tout fier de son courage et de son altruisme. Quelques minutes plus tard, pourtant, il constate qu’il s’agissait d’une mise en scène pour lui voler son portefeuille et son portable. Tout l’esprit de Ruben Östlund se ­déploie déjà dans cette séquence qui souffle le chaud et le froid, l’humanisme et le cynisme. Car, au-delà de ces piques, plutôt drôles, sur l’art conceptuel, The Square est une critique, d’une revigorante ironie, de nos sociétés con­fortables (intellectuellement, financièrement) et de plus en plus coupables et culpabilisées de l’être, quand la misère est recroquevillée, dans le froid, à chaque coin de nos rues. Comment (r)établir la solidarité alors que l’homme reste un loup pour l’homme ? Christian, vexé d’avoir été dupé dans sa confiance, imagine un subterfuge pour récupérer son portefeuille et son téléphone : œil pour œil, dent pour dent. L’intellectuel se croit malin, au volant de sa Tesla, dans cette banlieue qui l’effraie où il cher­che les coupables. Pourtant, sa machination va humilier un gamin et bouleverser Christian… Quelle mise en scène brillante ! Chaque plan est une composition rigoureuse jouant sur le champ et le hors-champ, où le cinéaste suédois explore les rapports tendus entre nature et culture, entre dominants et dominés. Le moment le plus hilarant ? Une dispute insolite, après une nuit de sexe, où Christian a une manière toute ridicule de veiller sur sa virilité… La séquence la plus époustouflante, elle, est un véritable happening. Lors d’un dîner de gala en faveur des généreux donateurs du musée, un performeur sème la terreur entre les tables en ­imitant un grand singe dominateur. Malaise dans la civilisation. Là encore, Ruben Östlund étire ce violent moment de gêne jusqu’au paroxysme, et nous interroge sur notre propre lâcheté… Le film finit pourtant sur une note d’espoir. Loin d’être mièvre, ce semblant de happy end, après deux heures de causticité, est un encouragement à ­entrer dans « le Square ». — Guillemette Odicino   CONTRE Mais pourquoi est-il aussi ­méchant ? Film après film, Ruben Östlund nous inflige sa misanthropie radicale — Haneke, à côté, c’est Capra ! Et s’acharne sur ses personnages avec une cruauté narquoise. Ce jeu de massacre est d’autant plus pénible qu’il a du talent. Sa ri­gueur esthétique dans la composition des cadres, son sens de l’humour à froid font souvent mouche dans la première heure de The Square, quand il se contente de suggérer sa haine de ses contemporains. Ensuite, ça se gâte : le réalisateur explique tout (et plutôt deux fois qu’une), et on ne voit plus que le petit malin, ravi de ses effets provocateurs — pas toujours efficaces : la fameuse scène du happening au milieu du dîner des donateurs est si étirée que son potentiel de malaise s’émousse. Östlund ne dérange pas, il agace. Quant à sa satire de l’art contemporain, elle est aussi subtile que les gribouillis d’Omar Sy vendus à prix d’or dans Intouchables… — Samuel Douhaire