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Trois enterrements, diffusion du dimanche 20 mai 2018 à 20h55
Western initiatique, le premier film comme réalisateur de Tommy Lee Jones porte un regard hustonien, donc désenchanté, sur le monde. Scénario et interprétation justement primés à Cannes. Critique : | Genre : tex-mex. On ne parle bien que de ce qu'on connaît bien : Tommy Lee Jones possède un ranch au Texas et, à l'image, il n'est pas maladroit dans l'art de dresser un cheval. Il connaît les paysages semi-désertiques où passe la frontière qui sépare les Etats-Unis du Mexique. Et aussi les villes frontalières inhospitalières, no man's land de mobile homes, qui forment cette Amérique dont rêvent les immigrants. Enfin, en bon cow-boy, il sait le prix de la parole donnée. Pete, le personnage qu'il incarne dans Trois Enterrements, son premier film, tient sa promesse : ramener dans son village le corps de Melquiades Estrada, son employé, un clandestin mexicain devenu son ami. C'est un flic de la police des frontières qui a abattu le malheureux. Les circonstances qui précèdent et suivent le drame occupent la première partie du film : un kaléidoscope de personnages et de saynètes volontairement racontées dans le désordre. On y retrouve la patte du scénariste Guillermo Arriaga, complice habituel du Mexicain Alejandro González Iñárritu. La seconde partie, qui glisse vers le fantastique, évoque Peckinpah. Pete oblige l'assassin à conduire Melquiades Estrada vers sa troisième et ultime sépulture. C'est un dressage, encore, et à la crosse de revolver s'il le faut. Metteur en scène doué, Tommy Lee Jones montre un sens de l'espace équivalant à celui des grands auteurs de westerns (il l'a prouvé de nouveau avec The Homesman, sorti en 2014). L'acteur se défend aussi : le cow-boy qu'il incarne est un drôle de bonhomme marmoréen, implacable et tendre à la fois, un vrai héros de jadis. — Aurélien Ferenczi