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Trois souvenirs de ma jeunesse, diffusion du dimanche 17 mars 2019 à 22h35
Desplechin reprend ses personnages de Comment je me suis disputé. Trois sketchs dans lesquels le cinéaste prouve son immense talent romanesque. Critique : | Genre : la fille d'à côté. Paul Dédalus. Drôle de type. On l'avait connu maître-assistant en philosophie dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle). Déjà amoureux d'Esther, quittée après dix ans de vie commune. Quittée, mais pas vraiment oubliée... C'est avec un emportement inattendu qu'il observe, dans un épisode de Trois Souvenirs de ma jeunesse — une sorte de triptyque, avec escapade dans l'enfance, puis dans l'ex-URSS —, leur rencontre... A Roubaix, donc, Paul découvre Esther. Au départ, bien sûr, elle prend l'avantage sur cet ado qui lui avoue naïvement ne pas « arrêter de la manger des yeux ». « Oui, je fais cet effet-là aux garçons », réplique-t-elle, belle, suave, étrange, infidèle. Tous deux se désirent, se fuient, se retrouvent, se séparent. On ne sait qui des deux aime le plus, souffre le plus et fait le mieux souffrir. Ils sont pantelants, presque comiques : mais rien n'est plus drôle que les déraisons d'autrui. On songe à François Truffaut : même montage nerveux, mêmes lettres récitées par les comédiens, leur regard plongé dans le nôtre. Chaque image irradie de violence. Rien n'est doux dans Trois Souvenirs de ma jeunesse, et encore moins lénifiant. L'effroi domine. Le doute, aussi. Au seuil de son âge mur, Paul Dédalus vibre toujours de colère : contre lui, qui a gâché toutes ses chances d'aimer, et contre les faux amis, qui l'y ont aidé. Esther disparue ne le quitte plus. « Un amour intact, grince-t-il, un chagrin intact, ma fureur intacte. » — Pierre Murat